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« Recherche & Développement ». N°486

Écrit par sur 15 juillet 2011

Pour rebondir après la lecture de la chronique de Matthieu qui parle de l’utopie, l’idée qui vient tout naturellement c’est « toujours et déjà là, mais là où? » Et par enclenchement il me vient à l’esprit ce qui se passe là où s’affiche la « Recherche&Développement »…tant qu’il y a encore des sous à y mettre.

Mot d’ordre connu: il faut changer de modèle de société. Se tourner vers un nouveau paradigme. Changer de politique économique et industrielle. Optons pour l’économe en énergie fossile, voire sans nucléaire. Regardons l’Allemagne : le montant des subventions en faveur du thermique « durable » est 60 fois supérieur à la France. Ecoutons l’Europe : plan climat énergie, filière génie écologique, mobilité des biens et des personnes.

L’alternative ? Eh bien, c’est parti l’alternative s’affiche. Il suffit de lire les déclarations d’intention des politiques et des grandes entreprises aux quatre coins du pays les plus dynamiques. Alors pour faire face au « grand marché mondial » et « protéger la planète », partout fleurissent des « pôles leader de l’innovation collaborative en matériaux et procédés ». Et il s’initie des « projets structurants en recherche, développement et expérimentation autour des thématiques des biocarburants et matériaux d’origine végétale ». Avec comme objectif, la conception de nouveaux matériaux, innovants et « verts ».

Ils se choisissent la forme de « Cluster, sur la base du volontariat, pour mutualiser leurs moyens et leur permettre ainsi d’accélérer le processus coopératif d’innovation compétitive, nécessaire, pour atteindre les objectifs qu’ils se sont fixés. Il est un facteur d’accélération de l’émergence de projets nouveaux, confortant ainsi leur compétitivité et leur développement.» Et « ce réseau se caractérise tout à la fois par un grand pragmatisme, par le souci d’un retour sur investissement à court terme et aussi par une convivialité partagée. » Et s’organisent des journées coûteuses sur des thèmes de type : «Les applications des plastiques végétaux, aujourd’hui et demain» Où parfois l’on y invite philosophe, scientifiques, industriels et banquiers.

Pour quelle idée nouvelle ? Celle qui est de raisonner selon deux « acteurs pivots » : filière et territoire. La filière c’est vertical et mondial, c’est financier, le territoire c’est local et transversal. Simple ! Maintenant, c’est dans la transversalité qu’on trouvera la filière. La transversalité c’est quoi ? dans l’ancienne société, celle de nos jours, que l’on connaît, dans laquelle on vit et qui nous a fabriqué, tout est cloisonné, les chercheurs ne parlent qu’aux chercheurs et ne sont compris que d’eux, pour les entrepreneurs c’est pareil, etc. D’où la nécessité de missions transversales, menées aux interfaces des activités classiques dites verticales. « Pour qu’il y ait de l’innovation il faut de la transversalité ! » Deux conditions pour la réussite : cohérence verticale et cohérence horizontale.

Les trois transversalités à venir ? 1-l’éco-activité ; 2-la biotechnologie ; 3-la nanotechnologie.

Bon, voilà il semblerait qu’il y ait un consensus là-dessus puisqu’aujourd’hui ce type de discours reçoit des financements par paquets. La recherche nécessite temps et argent. En avant! Bon, dans un premier temps, ceux à qui ça profite se nomment des managers de « l’Eco-consulting : intelligence Economique Stratégique ». Normal, c’est un modèle américain alors l’on y cause comme il faut, la langue du… »grand marché mondial ».

Comme toujours j’essaie d’établir un parallèle et vais voir ce qu’en pensent certaines opinions dissidentes. Notamment, celles qui nous rappellent ces quelques réalités: les banquiers français ont renoué avec des bénéfices record et même à des niveaux jamais atteints depuis 2007. BNP PARIBAS à un résultat net de 7,8 milliard d’€uros. La SOCIETE GENERALE a un résultat net de 3,9 milliard d’€uros. CMS-CIC a un résultat net de 2,3 milliard d’€uros. Et celles et ceux qui ne cessent de galérer qu’ils ne s’inquiètent pas trop pour les patrons de ces banques: le patron de la SOCIETE GENERALE a perçu : salaire fixe 850 000 € + salaire variable 4 070 000 €, le patron de BNP PARIBAS a perçu : salaire fixe 950 000 € + salaire variable 5 248 000 €, le (pauvre) patron du CREDIT AGRICOLE a perçu : salaire fixe 750 000 € + salaire variable 916 000 €, le patron de BFCE a perçu : salaire fixe 550 000 € + salaire variable 1 056 000 €.

Considérant cet état des lieux, par exemple en tant qu’opposant radical à cette société capitaliste nouvelle, savoir ce que Miguel Benasayag en dit peut être éclairant. Alors que dit-il ? Je viens d’écouter son propos : les luttes ouvrières traditionnelles c’est fini. La politique comme on la connaissait c’est fini. Place aux artistes ! Place à ceux qui inventent ! D’autres modèles sont au bout de…la recherche!

Et là je me dis que la première version comme la seconde se rejoignent : rien ne sera plus comme avant ! Le problème, pardon, c’est que venant de « spécialistes » de l’inventivité, les uns comme les autres, bardés de repères et de plans, même ça c’est usé en tant qu’idée. Car tout est toujours déjà là, voyez ce que je veux dire: une nouvelle aristocratie financière. Et un capitalisme de plus en plus inégalitaire et de plus en plus violent. Et son injonction moderne du toujours nouveau-toujours jetable. Et à cette injonction s’opposent avec insistance le déjà là ou l’encore là que la part d’inertie du fait social vient soutenir.

D.D


Les opinions du lecteur
  1. françoise   Sur   16 juillet 2011 à 12 h 33 min

    Par « enclenchement » aussi, quand je lis « filière et territoire » je vois l’Epeire diadème ou la Tégénaire. Des araignées donc, prédatrices et voraces mais dont la vie ne tient qu’à un fil…

    La soie liquide qu’émettent les glandes séricigènes est filée par les …filières. Le diamètre du fil de soie varie entre 25 et 70 µm (à diamètre équivalent, ces fils sont plus durs que de l’acier et possèdent une mémoire de forme 5 à 12 fois plus grande que le latex). « L’éco-activité, la biotechnologie, la nanotechnologie. » sont là, au centre du réseau.
    Des chercheurs en génie génétique se sont intéressés à ce fil. Le gène qui en contrôle la production a été isolé, et l’industrie biotechnologique tente de l’introduire par transgénèse dans le génome d’autres espèces pour en faire un OGM capable de produire un fil solide permettant par exemple de fabriquer des gilets pare-balles plus légers.
    Le réseau de fils de la toile d’araignée (spiderweb) est d’ailleurs à l’origine de l’utilisation du mot anglais Web, symbolisant le système d’interconnexion complexe de ce réseau.
    Afin de capturer ses proies, l’arachnide tisse sa toile dans les endroits stratégiques de son territoire. Elle reste reliée à sa toile par un fil d’alarme. Quand un insecte vient s’y empêtrer, elle lui injecte son venin pour l’engourdir, puis ses sucs digestifs pour en pré-digérer le contenu qui sera aspiré par une pompe. Elle rejette ensuite la carapace, vidée de sa substance.
    Quel rapport avec la chronique ?
    Tous ces animateurs de colloques, et autres clusters, ressemblent à des funambules, des acrobates (convoqués d’ailleurs de plus en plus souvent à côté des chercheurs, banquiers et experts). Clowns tristes qui gesticulent au bout d’un fil, déjà vidés, eux aussi, de leur substance, tenus en équilibre par la pompe aspirante du fric public sur une toile d’araignée mondiale.
    Et ensuite ? C’est tout simple :
    -araignée du soir, signe d’espoir
    -araignée du matin signe de chagrin

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