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Terre à terre. N°469.

Écrit par sur 17 mars 2011

Là, pour le coup, nous sommes face à de grands choix collectifs. Ou reprendre la main. Ou direction verticale vers les abîmes. Pas une semaine sans effondrement majeur quelque soit le domaine : ici l’énergie, là le système économique, là-haut le réchauffement climatique, et sous terre l’épuisement des ressources. Le tout baignant dans l’hybris moderne, cette démesure. Quant au prix humain…près d’un milliard de personnes sont en état de malnutrition. Bref, le krach absolu. Le rappel amer des manquements.

Quant à évoquer l’accident nucléaire de Fukushima dans le tissu de mensonges qui servent à justifier l’emploi de cette technologie…Pour le reste, résumons: il s’agira de développer des activités moins destructrices, et moins tournées vers la production matérielle, comme l’éducation, la santé, la culture. Des activités qui ont un impact écologique plus faible, mais qui sont beaucoup plus riches en termes de lien social et de création d’emplois. Retour au terre à terre? Oui et démocratiquement délibéré, cette fois.

Redevenons concrets et terre à terre. Avec ce constat: « Il faut que l’idée que la seule finalité de la vie est de produire et consommer davantage […] soit abandonnée ; il faut que l’imaginaire capitaliste d’une pseudo-maîtrise pseudo-rationnelle, d’une expansion illimitée soit abandonnée » (Castoriadis)

Grâce à internet qui peut devenir (ou déjà le devient) un formidable outil, un levier, la pratique d’une sagesse fondée sur l’équilibre peut trouver force et vitalité. Je prends un exemple très personnel.

L’autre matin dans une maison froide, après le décès de sa résidente il nous fallait remettre en route son vieux fourneau à fuel. De toutes les manières dans ces moments-là on a froid, c’est comme ça. Aucun d’entre nous ne connaissait comment l’allumer, Denise ne voulait pas qu’on y touche. Ce modèle a deux fonctions en une en réunissant chauffage et four à cuisson en un encombrement minimum. La chaleur qui s’en dégage est dense et fort agréable. Quant à la cuisson il est dit que ce qui y est cuit est bien meilleur que ce qui sort du four de la gazinière voisine. Tout le village le savait qu’on y mangeait bien ! Et toutes ses copines à Denise s’y sentaient bien dans sa cuisine. Le tout amène à penser que l’ensemble apportait chaud au ventre et liait d’amitié.

Comme j’étais là agenouillé face au problème du froid dans lequel allaient se faire les visites de la défunte si le foyer restait inerte, à distance Romain solidaire et à pied d’oeuvre, lança de son côté sur Google la recherche du mode d’emploi pour connaître cette mise en route non-transmise. Réponse immédiate. Il m’informe alors : telle manette à bouger pour l’arrivée du fuel, mettre à fond le bidule du cadran pour que ça coule plus vite, lancer une allumette quand suinte le fuel au fond du foyer, puis quand celui-ci s’enflamme, réduire doucement sans affolement son écoulement en actionnant la manette du cadran dans le sens inverse.

Opération menée sans difficulté. Et la chaleur apparut alors que je tremblais des pieds à la tête. De fil en aiguille, tout ce qu’on sait depuis c’est qu’il n’y aura pas de problème pour changer telle ou telle pièce défaillante, d’autant que ce type de fourneau-ci doux comme un agneau, est d’une mécanique simple et quasi-inusable. Eh bien même si ça fait vieux jeu, je dis que le si peu de cette anecdote ordinaire me toucha beaucoup.

S’il nous avait fallu trouver la solution localement, premièrement les artisans du coin de la rue du bourg qui connaissaient pareil chauffage ont disparu. Quant aux calamiteux nouveaux commerçants l’on imagine d’ici l’envol rhétorique: avec l’air de chercher, ils hocheront la tête devant la question, puis d’entre les mâchoires ils conseilleront de virer l’appareil « hors temps » en direction de la benne « métaux » de la déchetterie, et d’acheter un quelconque bon gros dispositif de chauffage estampillé « Développement Durable » d’utilisation sophistiqué et non -réparable, voire même de nous proposer un crédit attractif si ça coince aux entournures côté porte-monnaie. Voilà tout, c’est une question d’époque ! Bon, voici un exemple vécu, mais il y en a plein comme ça, oui comme le dit l’ami Jean-Pierre qui ressort triomphant de sa recherche de pièces de rechange: « Sur internet on trouve tout ! ». Et c’est formidable !

J’abrège : quand le « local » -vieux cliché- est le portail d’entrée de la marchandisation du monde, passons par l’atelier-magasin aux divers accessoires dûment rangés dans le réseau « global » pour retrouver le bon sens et le raisonnable. C’est pourquoi l’ancienne et tenace pratique populaire ou indigène, ou autochtone, ou autonome, qu’on appelle « la réparation » peut avoir de beaux jours devant elle. J’opte en connaissance de cause pour dire que comme réalité concrète et terre à terre, c’est plutôt une bonne nouvelle !

Evidemment nous avons changé de monde avec les NTIC, les échanges sont permanents quelque soit le sujet. Passer par un spécialiste on peut s’en passer. Chacun à sa mesure peut avancer par lui-même, et donc dans le concret de la vie ça règle quand même un bon paquet de choses. On improvise, on attrape par la queue ce qui passe à notre portée, et hop ! de toutes façons il est rare qu’on en revienne bredouilles.

D.D

Chronique:

J’suis dac…Oui on trouve tout sur internet, comment rattraper une crème anglaise qui tourne aux grumeaux, comment localiser la panne d’un obturateur photo, trouver le filtre d’une pompe qui refoule des odeurs…Des gens sur des forum, guident pas à pas « fait comme-ci, essaie ça »… et on fait la nique aux grands réparateurs patentés qui avaient dans un premier temps « bouffé » tous les petits ateliers…Un autre exemple, terre à terre…

Des petits jeunes construisent une maison à côté : autrefois EDF louait à moindre frais un compteur de chantier pendant la durée des travaux…Maintenant EDF oblige les gens à acheter ce compteur pourtant provisoire: 700€ !

Alors les petits voisins avaient trouvé un vieux tracteur qui leur permettait de fabriquer leur courant à partir d’un alternateur fixé sur la prise de force…et tous les soirs, tous les week end ils montent leur maison…Le tracteur a rendu l’âme…Pas grave ! Ils ont trouvé sur e bay un compteur à 35€ qu’ils viennent de brancher … « Va t’faire voir EDF ! » et toujours sur e bay la pièce qui va redonner vie au tracteur !

Prise de terre, prise de force…prise d’autonomie !

Françoise.

18/03/2011 14:05