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Bons vents ! N°679

Écrit par sur 15 avril 2015

éoliennes20Voilà , s’il le faut, un argument esthétique contre les éoliennes, qui tombe. Les grandes éoliennes (80 mètres) voisines du pylône de notre radio, à Trémeheuc, ont les pales qui se patinent. Fini cette vision métallique en plein ciel, qui scintille au soleil. Mises en service en 2008, elles se confondent aujourd’hui aux nuages et aux brumes indistinctes. Sous l’effet du temps.

Ces six grandes éoliennes qui se balancent d’un même mouvement harmonieux et rythmé sous la pression de la brise, se sont banalisées à un point tel qu’on ne les remarquent presque plus. D’autant qu’ici l’acceptabilité sociale des mâts éoliens n’a jamais failli. Leur présence dans ce paysage de bocage, de chênes et châtaigniers, de joncs et d’épines, dans l’herbe épaisse des prairies, n’a jamais été vue comme gênante. Tout est resté calme et charmant dans ce petit recoin de l’univers gonflé de sève, de bois, et de feuilles. Avis aux randonneurs : un circuit de randonnée permet la visite. Et même celle de notre site de diffusion en passant.

Finalement, sous l’impulsion des vents réguliers et continus (un écogisement) l’ensemble de ces troncs métalliques hauts et droits surmontés d’ailes, en « requalifiant » l’endroit, produit ici pas moins de 25 millions de kw/h par an, soit l’équivalent de la consommation électrique de 25 000 habitants, hors chauffage.

Ah ! d’ailleurs ! à propos des énergies renouvelables qui, à l’exemple de l’énergie éolienne, ne trouvent pas de réel soutien pour se développer -un euphémisme au regard des recours abusifs pour atteinte à l’environnement, des modifications hâtives des PLU (plan local d’urbanisme) par les conseils municipaux, des délais de délivrance d’autorisation (6 ans!), des contraintes diverses et variées (commission des sites, armée de l’air, etc), des changements incessants du prix de rachat du kw/h par EDF- un formidable rapport vient d’être rendu public par Médiapart.

Un rapport qui devait probablement resté caché –pas enterré, non, officiellement « sa publication a été repoussée ». Car il dérange. Démontera-t-il pour cela les rouages d’une mécanique infernale qui est celui de l’entêtement de la doxa nucléaire à défendre un modèle énergétique sans queue ni tête ? Affaire à suivre. Toujours est-il qu’il vient de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), établissement public placé sous la tutelle des ministères de l’écologie et de la recherche.

Ainsi dit-il, en 2050, la France pourrait avoir une électricité 100 % fournie par les énergies renouvelables et se passer du nucléaire. Même avec des conditions météorologiques défavorables. Eh bien, on ne peut que souhaiter « Bons vents ! »  à cette étude « Vers un mix électrique 100 % renouvelable », à télécharger ici en intégralité.

Cette étude établie « avec la contribution de la Direction générale de l’énergie et du climat » (qui dépend du ministère de l’écologie) révèle également, calculs détaillés à l’appui, que ce scénario ne coûterait pas beaucoup plus cher aux consommateurs que le maintien du nucléaire à 50 % de la production électrique, seuil gouvernemental fixé pour 2025 -la loi sur la transition énergétique prévoit de porter la part des renouvelables à 40% du mix-électrique en 2030… Du coup, ce rapport de l’Ademe est tout simplement explosif. Et bien embarrassant pour les pro-nucléaires.

Car il montre que la France, bien enferrée dans de fausses pistes, sous prétexte que ce sont les siennes, dispose d’un potentiel renouvelable considérable. Aïe ! La production pourrait atteindre 1268 TeraWatt heure (TWh), soit trois fois la demande d’électricité escomptée (422 TWh). Bien lu, oui, « le triple de la demande annuelle », précise le rapport. Le « mix » dont parle l’étude se répartit entre 63 % d’éolien terrestre et en mer, 17 % de solaire, 13 % d’hydraulique et 7 % de thermique renouvelable (géothermie comprise). Au niveau territorial, les régions à plus fort potentiel sont l’Aquitaine, la Bretagne, Midi-Pyrénées, les Pays de la Loire, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Rhône-Alpes.

Ah ! Peut-être est-il encore bon de dire ce qu’avec ce rapport de l’Ademe la duplicité voire l’omerta des grands médias (et journalistes) qui couvrent depuis des années les bobards débités par les industriels comme par les politiques sur le nucléaire, taira ou déformera soigneusement : les Allemands ont atteint 44 GW de puissance éolienne (30 GW) et photovoltaïque (14 GW) dans la journée du 30 mars, battant le précédent record qui datait de près d’un an (38 GW). C’est l’équivalent d’un quarantaine de tranches nucléaires (nous en avons 58 en France), et représente environ les deux tiers de la demande à ce moment-là en Allemagne, sans inclure la production hydraulique, qui reste faible en Allemagne (environ 4%). Lire ici.

C’est une formidable progression, qui montre que ce pays est sur la bonne voie vers une électricité 100% renouvelable. Mais à n’en pas douter, vu la désinformation massive sur ce qui se passe chez nos voisins, le modèle allemand ne sera pas cette fois repris dans le discours des médias, par exemple sur l’éolien qui se limite souvent à l’impact sur le paysage ou aux avantages et inconvénients pour l’environnement. Bien que  »près des deux tiers des Français vivant près d’un parc éolien ne savent pas dire si ces éoliennes représentent un avantage ou un inconvénient pour eux » selon un sondage publié mardi. 

Dans le quotidien de nos vies, l’horizon 2050 peut paraître éloigné. Bien que l’échelle de temps soit celle-ci : notre radio émet déjà depuis 32 ans ! Elle se confond aujourd’hui aux nuages sous l’effet du temps. Ajoutons-lui seulement l’équivalent de ce temps passé si vite, et nous voilà arrivés.

Ah ! Oui, j’ajoute. Visiter pareille implantation d’éoliennes à Trémeheuc présente un caractère patrimonial indéniable. Pourquoi ? Parce qu’aujourd’hui ce projet est impossible. La raison ? Du château de Combourg, les visiteurs ont une vue directe sur les éoliennes distantes de 8 kms! Comme si ça leur bouchait la vue! Surtout côté du lac tranquille! Donc avis défavorable de l’Architecte des Bâtiments de France. Qu’entérinent les autorités. Pour quel motif ? Retour d’expérience sur »l’acceptabilité sociale » du projet. Qui juge ainsi les choses inacceptables socialement sans consultation préalable des populations ? Le Préfet. Voilà, on en est là.

D.D

Sur le même sujet:
Ré-écouter l’entretien que nous avait accordé Jérémy Rifkin sur l’internet énergétique;
Et cette autre chronique sur la transition énergétique;
Revoir aussi cet autre bon rapport de l’Ademe;
Voir aussi cet autre excellent et indispensable dossier d’Arte sur le démantèlement des centrales.


Les opinions du lecteur
  1. Françoise   Sur   16 avril 2015 à 18 h 28 min

    J’entends bien tout ça mais…à propos du modèle allemand que tu cites, il faut savoir que 48% de la production énergétique allemande provient du…charbon et des mines qui sont en plein essor et dont l’impact environnemental est absolument catastrophique…mais..c’est pas mon métier!!!

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