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« Le despotisme de sa mémoire. » N°991

Écrit par sur 5 mai 2021

Bonaparte appartenait si fort à la domination absolue, qu’après avoir subi le despotisme de sa personne, il nous faut subir le despotisme de sa mémoire. »

Chateaubriand, Mémoires d’Outre-Tombe, 3e partie, VI

Légère incursion dans l’Histoire, la terrible, la sanglante. Puisque vous et moi sommes invités Présidentiellement, ici en France, à commémorer façon « commémoration éclairée » et à revisiter aux airs de culte, en ce mois de mai, la glorieuse épopée napoléonienne à l’occasion du bicentenaire de la mort de Napoléon Bonaparte. Je doute qu’en Espagne en ce même mois, pareille invitation à se rappeler au souvenir soit partagée de manière identique.

Ceci en mémoire de « son » mois de mai de soulèvements populaires : celui de 1808, où les insurgés espagnols combattirent les forces armées de Napoléon. Notamment à Madrid où se déroulèrent les fameuses journées des 2 et 3 mai 1808 immortalisées dans le tableau Los fusilamientos del tres de mayo, de Francisco de Goya, peinte en 1814.

Ce tableau, je m’en souviens. De lui avoir rendu visite ainsi que les gravures, là où ces oeuvres sont conservées, au Musée du Prado à Madrid, autre capitale européenne.

Oeuvre de portée universelle et intemporelle, Le trois mai (tres de mayo) représente les Espagnols en armes faits prisonniers lors de la révolte. Ils sont fusillés. Environ 400 personnes sont exécutées à Madrid.

pour perpétuer au moyen du pinceau les actions les plus remarquables et les plus héroïques…de notre glorieuse insurrection contre le tyran de l’Europe ».

Francisco de Goya, écrivain – Col. «Museos del Mundo», Tomo 7, Espasa, 2007.

Goya assista à un certain nombre d’événements de l’insurrection de mai 1808, quand l’horreur de la guerre survient, la mort et la répression. Il en captura la tragédie des chairs brisées, de scènes de brigandages, de pillages, de massacres, de viols et de tortures, dans Desastres de la guerra (ci-dessus)une série de 82 eaux-fortes réalisées entre 1810 et 1815 qui représentent l’invasion française principalement en Aragon et pendant les événements du siège de Saragosse. Gravures de petits formats que l’on visite dans une salle assez étroite dans l’immense musée madrilène.

Commémorées, ces journées des 2 et 3 mai 1808 restent toujours un des moments les plus forts de l’histoire nationale espagnole. Ainsi leur bicentenaire sans controverse fut grandement célébré dans toute la péninsule ibérique. Car il rappelle un fait : cette résistance héroïque à l’occupation française (1808-1812) fissura la puissance conquérante, jusque-là invincible, de Napoléon Ier.

De bonnes raisons voilà donc d’avoir en mémoire Présentiellement que la résistance se fait contre l’inhumanité. D’où ces chef-d’oeuvres « pour perpétuer au moyen du pinceau les actions les plus remarquables et les plus héroïques…de notre glorieuse insurrection contre le tyran de l’Europe » selon les propres termes de Goya.

D.D

Ce qui a été dit et écrit ici-même autour du Musée du Prado.


Les opinions du lecteur
  1. FRANÇOISE   Sur   6 mai 2021 à 12 h 01 min

    Et toujours la ficelle qu’on débobine…
    La chronique m’évoque un autre tableau, de massacres, lui aussi : Scènes des massacres de Scio : familles grecques attendant la mort ou l’esclavage peint par Eugène Delacroix en 1824. Delacroix y célébrait la bravoure de tout un peuple victime de la barbarie et l’héroïsme des résistants…
    Aucun rapport donc?
    Sauf qu’Eugène Delacroix a expliqué s’être « inspiré », en en prenant le contre-pied, d’un tableau d’Antoine-Charles Gros : Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa.
    Ce tableau était une commande visant à redorer l’image de Bonaparte alors que sa volonté d’euthanasier les pestiférés de son armée avait été rapportée par la presse anglaise ainsi qu’à faire oublier que la veille de cette visite aux pestiférés, à la suite du siège de Jaffa (3 au 7 mars 1799), Bonaparte avait fait massacrer 3000 prisonniers qu’il estimait ne pas pouvoir faire garder et nourrir…
    L’esquisse de ce tableau était d’abord intitulée : Bonaparte, général en chef de l’Armée d’Orient, touche une tumeur pestilentielle, en visitant les pestiférés dans l’hôpital de Jaffa…

    En visite donc…
    Aujourd’hui, il déambulerait dans un centre de vaccination et il aurait un masque bleu-blanc-rouge.…

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