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A l’occasion du Printemps des poètes, « rencontrer le cambouis de la vie et les entrailles de l’espérance. » N°726

Écrit par sur 9 mars 2016

visuel_printemps_poete2s« Je donne à mon espoir tout l’avenir qui tremble » (Guillaume Apollinaire).

Cette citation placée en exergue du programme 2016 du Printemps des poètes vaut manifeste. Raison de plus pour que Radio Univers s’associe à cette occasion comme elle le fait quotidiennement, en toute saison, avec la Maison de la poésie de Rennes et de Bretagne.

Ainsi nous proposons de ré-écouter ces différents entretiens avec les grands poètes rencontrés au fil de leurs passages à Rennes.
– Les Rencontres à la Villa Beauséjour.
– Sur Youtube, les Rencontres poétiques (filmées). L’une réunissant, en sept 2014, Abdallah Zrika et Christian Prigent. L’autre, en janvier 2015, Jacques Abeille et Bernard Noël. De très grands poètes qui se montrent peu en public et accordent peu d’interviews, nous les remercions encore.

D’ordinaire il est considéré que la poésie -qui n’a ni programme, ni destination arrêtée, et qui jaillit du présent-, c’est d’abord le dire. Et donc que le poète est un « diseur ». Qui arrache la langue au conformisme qui la menace -pour s’en convaincre, destination sonothèque.

Mais un jour, Hölderlin, à travers un ver célèbre, annonça ceci : Voll Verdienst, doc dichterisch wohnet Plein de mérites, mais poétiquement habite
Der Mensch auf dieser Erde L’humain sur cette Terre.

De ces deux vers, l’on retient le plus souvent l’idée d' »habiter en poète« . Qui est une expression d’une grande poésie qui, en elle-même, laisse la porte « grand ouvert ».

Bon, Jean-Christophe Bailly parlerait plutôt de « plages ouvertes de l’espace qu’il suffirait de retendre ». Ecouter ici cet écrivain, poète et philosophe qui relève l’essentiel : « Le ciel commence à 1cm de la terre ».

Quant à la signification d' »habiter en poète » qu’en donnait Jean-Paul Dollé, celui-ci l’évoquera on ne peut mieux en 1990 par cette phrase qui demeure d’une grande actualité et ré-enchante le monde « Quand l’avenir est impensable, la table dégarnie et les adultes muets, il vaut mieux prendre les mots en patience et le quotidien en flagrant délit de poésie. » (Fureurs de ville).

Confidence : c’est avec cette énergie-là que l’on carbure ici-même. Quotidiennement, en toute saison. Obstinément.

Dollé, revenons-y. Et rejoignons le monde tel qu’il est, et ceux qui y vivent. A découvrir : le site « Habiter l’hostilité ». Qui, en toute discrétion, nous a adressé tout récemment un lien pour tout commentaire à l’enregistrement de la conférence donnée par Jean-Paul Dollé autour du thème de « l’inhabitable ». Ce lien, le voici . Il porte sur une synthèse de l’ouvrage de ce philosophe  » L’inhabitable capital« . Je l’en remercie.

Comme je remercie l’auteur de cette autre douce incrustation que voici. Qui permet de découvrir le site Cahiers itinérance dont le lien fut déposé en commentaire de « Jean-Yves Morel, l’Arbre Indispensable pour préserver le bocage. »

FMAPAC084CDT0008100_1Et puis, saisissons l’occasion pour graver numériquement cette déclaration adressée par Jean-Philippe L. Qui, « en flagrant délit de poésie », abondait vaillamment à la chronique « David Graeber, « Bureaucratie : l’utopie des règles ».

« De « l’étoffe grossière de laine brune » aux chemises brunes, il n’y qu’un pas. Pas de bottes; les talons de l’horreur, le cuir barbare. Les dernières déclassifications des documents historiques témoignant de « l’administration » nazie nous l’ont explicitement démontré : la bureaucratie est bel et bien la manifestation organisationnelle la plus abjecte de la perversité humaine. Les crimes de masse perpétrés au Cambodge, au Rwanda, au Zimbabwe, au Timor, nous renvoient encore et toujours l’ignominie de la bureaucratie moderne. Et lorsque celle-ci s’adosse à la consommation de masse, enfant terrible de la société industrielle, nous devons alors faire face à la technocratie. Mais gardons à l’esprit, que cette machine sordide carbure essentiellement à la vapeur de notre soumission volontaire, à l’éther de notre servitude hébétée. Aucune loi n’oblige quelconque citoyen à ouvrir un compte Paypal ou acheter un produit Apple. Facebook ne vit QUE par l’exhibitionnisme forcené et le voyeurisme patenté par lesquels nous transmettons nos désirs de (sur)vie par procuration. Vautrés dans le confort inhumain du délire cathodique, à reprendre en chœur les harmonies cancérogènes publicitaires, nous nous érigeons bêtement et fièrement en acteurs décharnés de ce film bureaucratique de série Z pour zombies que l’on pourrait nommer « Poubelle la Vie ». A chaque coin de rue, à chaque coin d’écran, on nous vante les vertus du « leadership » mais l’heure est au « cheap » : il est grandement urgent de quitter le périmètre de la société aseptisée et de sa bureaucratie chirurgicale pour aller au-delà de nos renoncements afin d’y rencontrer le cambouis de la vie et les entrailles de l’espérance.
Dans un livre intitulé « Nous qui désirons sans fin » Raoul Vaneigem écrivait : « Le totalitarisme économique n’a plus besoin d’hommes politiques ni d’idéologie. Il lui suffit de fonctionnaires qui gèrent mondialement la dette publique et la faillite des États nationaux.[…]. Le circuit fermé de la spéculation boursière gère une bureaucratie qui a pour fonction de la gérer. » Ces mots furent imprimés sur du papier, en 1996.

Remerciements chaleureux à Radio Univers,
Salutations chaloupées à D.D. »

Ah! Les mots jaillissent, tel un assaut situationniste ou une insurrection comme l’avait dit Maïakovski : « Je dévorerai la bureaucratie comme un loup ». Car bureaucratie et poésie ne font pas bon ménage, c’est connu.

Puisque  » Rien n’est impossible à celui que n’arrête pas l’improbable. » (Raoul Vaneigem), cette citation qui palpite reçue six jours plus tard du même Jean-Philippe L. -que je remercie chaleureusement à mon tour bien qu’un peu tard : « Ai-je besoin de dire que le peu qui restera de politique se débattra péniblement dans les étreintes de l’animalité générale, et que les gouvernants seront forcés, pour se maintenir et pour créer un fantôme d’ordre, de recourir à des moyens qui feraient frissonner notre humanité actuelle, pourtant si endurcie ? » Fusées, Baudelaire.

D.D

Rappel navré : Les commentaires de Radio-univers.com ne sont pas ouverts. Au motif que nous n’avons pas la disponibilité pour en « modérer » les contributions. Sauf exceptions.


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